Article original
Traitement par bronchoscopie rigide de l’obstruction maligne des voies aériennes centralesTreatment of malignant central airways obstruction by rigid bronchoscopy

https://doi.org/10.1016/j.rmr.2013.09.018Get rights and content

Résumé

Introduction

La désobstruction endobronchique par bronchoscopie rigide interventionnelle constitue le traitement de référence des sténoses néoplasiques des voies aériennes. L’amélioration clinique et fonctionnelle respiratoire de cette procédure a déjà été évaluée mais dans des populations très hétérogènes.

Méthodes

Entre février 2009 et février 2011, nous avons mené une étude prospective monocentrique au centre hospitalier universitaire de Lille. Vingt-cinq patients atteints de sténoses tumorales malignes trachéo-bronchiques ont bénéficié d’une évaluation clinique et fonctionnelle respiratoire avant et après une procédure de désobstruction par bronchoscopie rigide avec éventuelle pose d’endoprothèse bronchique.

Résultats

Treize patients (52 %) présentaient un cancer bronchique primitif, 12 un cancer d’une autre origine. Dix-neuf patients (76 %) bénéficiaient de la pose d’une endoprothèse bronchique après désobstruction. Sur le plan clinique, la totalité des malades ressentaient soit une amélioration, soit une non-dégradation de leur dyspnée estimée par le score de Borg avec une médiane de −2 points [−1 ; −4] après procédure (p < 0,001) et 96 % avaient une EVA de dyspnée qui s’améliorait de 40 mm [27 ; 67] (p < 0,0001). Le VEMS augmentait après la désobstruction de 9 % [−3,5 ; 28,5] (p < 0,05). Les Rint diminuaient significativement de −0,19 kPa/L par seconde [−0,06 ; −0,23] (p = 0,001). Les corrélations entre échelles de dyspnée et valeurs spirométriques étaient non significatives (p > 0,05). Le taux de survie à un an était de 29 %.

Conclusion

La bronchoscopie interventionnelle diminue la dyspnée ressentie par les malades. Elle améliore modestement la fonction respiratoire et diminue les résistances des voies aériennes. Cependant, fonction respiratoire et échelles de dyspnée ne sont pas corrélées. Aucun facteur spirométrique ne permet de prédire la réponse clinique en termes de dyspnée. Un score élevé de dyspnée de Borg initial pourrait être un bon argument décisionnel.

Summary

Introduction

Endobronchial resection is now the standard treatment for tracheobronchial narrowing due to malignancy. The clinical and functional respiratory improvement has been evaluated previously but only in heterogeneous population.

Methods

Between February 2009 and February 2011, we conducted a prospective single centre study at the University Hospital of Lille. Twenty-five patients with malignant tracheobronchial stenosis received a clinical and functional respiratory evaluation before and after a rigid bronchoscopy procedure to reduce the obstruction followed where appropriate by placement of an endobronchial stent.

Results

Thirteen patients (52%) had primary lung cancer and in 12 the tumor had another origin. Nineteen patients (76%) received a stent after bronchial unblocking. Clinically, all patients felt an improvement in their dyspnea estimated by the Borg score with a median improvement of −2 points [−1; −4] following the procedure (P < 0.001). In 96% the dyspnea visual analogic scale improved by 40 mm [27; 67] (P < 0.0001). The FEV1 increased significantly after unblocking by 9% [−3.5; 28.5] (P < 0.05). The Rint decreased significantly by −0.19 kPa/L per second [−0.06; −0.023] (P = 0.001). Correlations between scales of dyspnea and spirometric values were not significant (P > 0.05). The survival rate at 1 year was 29%.

Conclusion

Interventional bronchoscopy decreases dyspnea. It modestly improves respiratory function and decreases the Rint. However, lung function and dyspnea scales are not correlated. No spirometry factor can predict clinical dyspnea response but an elevated Borg dyspnea scale might be a good indicator.

Introduction

Le cancer broncho-pulmonaire est la première cause de décès par cancer chez l’homme dans le monde avec 1,38 million de décès en 2008 [1]. L’incidence du cancer du poumon était de 1,61 million dans le monde en 2008 et est estimé en France à 39 500 cas en 2011, dont 27 500 chez l’homme et 12 000 chez la femme [2]. Le taux d’incidence augmente chez la femme passant de 9,5 à 17,8 pour 100 000 habitants au cours de la dernière décennie [3].

Trente pour cent des cancers pulmonaires vont se compliquer d’une obstruction des voies aériennes principales [4], [5] induisant des complications spécifiques, une diminution de la survie et une altération de la qualité de vie en l’absence de prise en charge. La série autopsique décrite par Luomanen en 1968 retrouvait une sténose des voies aériennes centrales chez plus de 50 % des patients porteurs d’une néoplasie à un stade avancé [6]. Elles se traduisent par une insuffisance respiratoire aiguë, des atélectasies et des infections allant jusqu’à des tableaux de choc septique. Les tumeurs malignes extra-thoraciques sont théoriquement toutes susceptibles de donner des métastases trachéo-bronchiques. Minna et al. évaluaient cette incidence globale à 2 %. Les cancers primitifs les plus fréquemment métastatiques au niveau de l’arbre bronchique sont, d’après la série rétrospective de 2008 cas de Cavaliere et al., la thyroïde, le cancer colorectal, le rein, l’œsophage et le sein [7].

Parallèlement aux autres traitements anti-cancéreux (chirurgie, chimiothérapie et radiothérapie), les patients présentant une obstruction endoluminale peuvent bénéficier d’une résection de la lésion tumorale par bronchoscope rigide éventuellement associée à la pose d’une endoprothèse bronchique en cas de sténose résiduelle, ce qui constitue actuellement la thérapeutique de référence. L’endoscopie interventionnelle améliore la dyspnée, la qualité de vie, la survie et la fonction respiratoire [8], [9], [10]. À l’heure actuelle, un certain nombre d’études [8], [9], [10], [11], [12], [13], [14], [15] se sont intéressées à la fonction respiratoire et à la dyspnée après bronchoscopie interventionnelle dans les obstructions des voies aériennes centrales. Elles sont hétérogènes quant à leurs critères d’inclusion ; certaines réunissent des sténoses post-intubation ou post-trachéotomie, des tumeurs bénignes ou malignes quelle qu’en soit leur origine.

L’objectif principal de cette étude était d’évaluer l’impact d’une désobstruction tumorale trachéo-bronchique par bronchoscope rigide sous anesthésie générale, éventuellement associée à la mise en place d’une endoprothèse, sur l’amélioration clinique de la dyspnée évaluée par échelle de Borg et échelle visuelle analogique. Étaient également réalisées une spirométrie lente et forcée et une mesure des résistances avant et après la bronchoscopie rigide. Un des objectifs secondaires étant de voir si l’amélioration de certaines mesures spirométriques était prédictive d’une amélioration des scores cliniques de dyspnée.

Section snippets

Patients et méthodes

Entre février 2009 et février 2011, une étude prospective était réalisée au centre hospitalier régional universitaire de Lille. Il s’agissait d’une évaluation d’une pratique de soins courants réalisée de façon monocentrique, dans laquelle le patient était son propre témoin. Notre étude a été approuvée par le Comité de protection des personnes Nord-Ouest IV. Une information était donnée au patient, et son consentement recueilli.

Les patients étaient âgés de plus de 18 ans et présentaient un cancer

Caractéristiques des patients inclus

Vingt-cinq patients bénéficiaient du protocole de désobstruction trachéo-bronchique. Soixante-huit pour cent étaient des hommes. L’âge médian était de 63 [59 ; 68] ans. Soixante-douze pour cent des patients étaient fumeurs ou ex-fumeurs alors que 28 % n’avaient jamais fumé. Le tabagisme médian était de 29 [6,5 ; 44,5] paquets-années. Dix patients (40 %) avaient des antécédents respiratoires, cinq étaient porteurs d’une bronchopneumopathie chronique obstructive, soit 20 % de la population, deux

Discussion

Notre étude confirme qu’il existe un impact positif en termes de dyspnée d’une désobstruction tumorale trachéo-bronchique par bronchoscope rigide sous anesthésie générale éventuellement associée à la mise en place d’une endoprothèse, en montrant une amélioration clinique significative de la dyspnée ressentie par les patients évaluée par score de Borg et l’EVA. Cela confirme les travaux de Miyazawa et al. qui retrouvaient une amélioration subjective significative de la dyspnée chez 64 patients

Conclusion

L’amélioration de la dyspnée évaluée par échelle visuelle analogique et échelle de dyspnée de Borg chez des patients atteints de sténose trachéo-bronchique traitée par bronchoscopie interventionnelle avec éventuelle pose de prothèse est confirmée dans la population de notre étude. Les mesures spirométriques et des résistances par Rint ne permettent pas de prédire cette amélioration clinique, les variations de celles-ci n’étant pas du tout corrélées à l’amélioration de la dyspnée. Ceci doit

Déclaration d’intérêts

Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article.

Cited by (6)

  • Soins de support en oncologie thoracique: bronchoscopie interventionnelle

    2021, Revue des Maladies Respiratoires Actualites
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